Analyse des membres du groupe
Il est possible de classer le comportement d’un membre parmi l’une des 9 catégories suivantes :
Le Bavard
Les bavards connaissent souvent leur défaut et sont en général peu susceptibles. On peut donc, s’ils abusent de la patience du groupe, profiter d’un instant de silence pour reprendre la parole et résumer d’un mot ou d’une phrase leurs longs discours. Dans les cas désespérés, on a le droit de leur couper franchement la parole et de leur rappeler que les autres membres du groupe n’ont pas encore pu exprimer leur avis. La situation est plus délicate quand le bavard a une position hiérarchique importante dans le groupe et veut inconsciemment imposer son point de vue. De même, lorsque ses interventions sont toutes passionnantes. Dans l’un et l’autre cas, on peut lui demander, avant la réunion de n’intervenir qu’après que tous les membres du groupe se soient exprimés, afin de ne pas les influencer et de ne pas bloquer leur imagination.
Une autre technique consiste à lui donner la présidence de la réunion. Il est en principe obligé d’écouter les autres. Mais ce n’est pas toujours efficace.
De toute façon, il faut, parmi les personnes assises autour de la table, lui donner une place qui ne le mette pas en vedette et telle qu’il lui soit difficile de communiquer avec les autres.
Physiquement, l’animateur évitera de croiser son regard car il en profiterait immédiatement pour commencer un nouveau discours.
Le Silencieux
C’est évidemment la technique inverse qu’il faut suivre avec une personne réservée : lui donner une place centrale pour la conserver sous son regard et ne pas l’oublier, lui poser au début des questions simples et directes, contenant éventuellement un élément de réponse, pour la mettre en confiance, faire appel à son expérience et à sa compétence pour lui donner l’occasion de briller, ne jamais accepter qu’un autre participant lui coupe la parole ou, quand cela arrive, la lui redonner aussitôt, éviter toute attitude ironique ou trop critique à son égard, enfin la solliciter fréquemment du regard, du geste ou de la parole.
C’est d’autant plus important quand cette personne a un rang plus modeste dans la hiérarchie. Un contremaître ou un chef d’équipe convoqué à une réunion d’ingénieurs peut craindre de mal s’exprimer et rester muet, alors qu’il pourrait contribuer utilement à la discussion.
Mais le silence peut être dû à un sentiment de supériorité. Auquel cas, il faut se demander si l’on a eu raison de convoquer ce participant. Si oui, il faut le questionner dans les moments difficiles, lui demander de faire les synthèses délicates.
Enfin, certains silences peuvent être hostiles. Il ne faut pas insister au début, laisser la discussion s’échauffer et profiter d’un moment où le participant se déride pour lui demander son avis.
Le Critique Négatif
Le participant qui critique systématiquement toutes les propositions, sans jamais apporter rien de constructif, risque de retarder la marche du groupe. Après un certain temps, l’animateur peut le lui faire remarquer. Auparavant, il lui témoignera de la sympathie et essayera de voir de la part de vérité que peuvent contenir ses critiques, puis il lui demandera des suggestions positives, enfin il pourra ignorer purement et simplement ses réflexions et aller de l’avant.
Cette attitude se rencontre également chez l’agressif, le raisonneur, celui qui sait tout. Elle correspond à un besoin de se mettre en avant. Quand on ne peut pas construire, on détruit : c’est ce que fait l’enfant avec ses jouets. Il en va de même avec les adultes. Un parti politique français s’en est vanté : « la preuve que nous existons, c’est que nous pouvons encore détruire ».
C’est donc un moyen de s’imposer. Il faut en tenir compte, essayer de satisfaire les besoins des intéressés en montrant l’intérêt qu’on apporte à leur contribution mais éviter de tomber dans leur jeu.
L’Agressif
Avec l’agressif, l’animateur détend l’atmosphère, fait de l’humour, et chaque fois que possible, l’oblige à présenter des faits et des cas précis. En prenant un ton de voix calme et bas, en posant des questions nettes, il peut réussir à dépassionner le débat. De toute façon, il reste insensible aux attaques personnelles.
Le Raisonneur
Avec le raisonneur, il doit avant tout éviter la discussion. Il n’en sortirait pas et le groupe perdrait son temps. Là également, il faut user d’humour. Souvent un sourire suffit à montrer au participant qu’on n’est pas dupe de ses réactions et qu’on en saisit l’origine.
Dans tous les cas, l’animateur s’interdit d’entrer en polémique avec lui et retourne au groupe ses attaques, ou ses réflexions. Les participants se chargeront de lui faire comprendre qu’elles sont malvenues.
A l’inverse, si elles sont dirigées contre un participant isolé, l’animateur entrera dans la conversation, essayera de détourner sur lui l’orage et fera diversion.
Il est inutile de laisser des oppositions se développer dans un groupe surtout quand elles prennent un caractère personnel. Dans une lutte, il y a au moins un perdant, sinon deux, donc des rancoeurs qui absorberont une partie de l’attention et de l’énergie du participant. Il pensera à sa revanche et ne sera plus disponible pour la discussion. C’est toute perte pour le groupe.
Le Passif
Le passif est presque aussi inquiétant pour l’animateur que l’agressif. Certes, il ne gêne pas le cours de la discussion puisqu’il est toujours d’accord avec le dernier qui a parlé ou l’animateur. Mais, comme tout homme, il a des idées personnelles et il faut se demander pourquoi il ne les exprime pas. Peur d’être jugé, peur d’être incompris, crainte de dire des bêtises, crainte de s’engager, ou bien idées derrière la tête et machiavélisme. Toutes les explications sont possibles ; il faut découvrir la vraie raison, car le danger reste qu’une fois la réunion terminée, il commence à s’exprimer, ailleurs, devant d’autres personnes et remettre les décisions en cause.
Le Scrupuleux
C’est un participant d’un autre genre. En s’arrêtant sur les détails, en coupant les cheveux en quatre, il freine la discussion. Il faut le prendre avec humour, le rassurer en lui disant que toutes les questions en détail pourront être traitées séparément, en tête à tête, après la réunion, pour ne pas prendre trop de temps au groupe et pouvoir aller à l’essentiel. Comme pour l’hésitant, on a parfois le droit, en s’appuyant sur le groupe, de le forcer à prendre position.
Le Rieur :
Aussi longtemps qu’il ne dépasse pas les bornes, c’est un élément utile dans un groupe. Si l’on n’est pas là pour rire, on n’est pas là non plus pour s’ennuyer. Rien n’est pas incompatible avec le travail, au contraire. Cela détend l’atmosphère et permet de se remettre plus facilement de l’ouvrage. L’animateur a donc intérêt à rire avec le groupe. Si ce rire devenait nerveux, il est évident qu’il serait le symptôme d’un malaise et qu’il vaudrait mieux proposer quelques instants de pause pour que chacun puisse retrouver ses esprits.
La Mauvaise Foi
C’est un cas extrême ; il n’est pas exceptionnel. La seule attitude que l’on puisse suggérer est de ramener constamment l’intéressé sur le terrain des faits, des choses concrètes en lui posant des questions claires, précises, fermées et en lui réclamant des preuves.
Souvent, rien n’y fera, car il en est inconscient et nie l’évidence. Si le groupe n’arrive pas à le faire changer d’avis, le mieux est d’abandonner la partie, de remettre la réunion à une date ultérieure et de laisser le temps faire son œuvre. Il arrive qu’il suffise de laisser passer quelques jours pour que certaines personnes changent de position sans qu’on puisse s’expliquer pourquoi. Elles ont sauvé la face ou elles ont réfléchi.